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Instants Jazz : Les 25 ans du groupe StrasSax
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Entrevoir un autre monde

« À quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? » écrit Cioran. On ignore si le sulfureux philosophe mélancolique aimait le jazz, mais la réflexion est aimable aux oreilles qui en apprécient la saveur singulière.

Affublé d’au moins 360 surnoms différents – selon un site Internet – le saxo est l’instrument-roi du jazz. C’est aussi l’instrument-passion de quatre des cinq acolytes du groupe straSax : Michael Alizon, Christophe Fourmaux, Laurent Wolf et Franck Wolf. Ils en déroulent les infinis sortilèges depuis un quart de siècle, rythmés par un impressionnant batteur, Francesco Rees. Un anniversaire qu’ils ont voulu fêter en offrant à leur fidèle public la première présentation d’une composition, créée tout exprès, dans la mythique salle du Fossé des Treize à Strasbourg, au cœur battant de Jazzdor. L’occasion pour eux d’un hommage appuyé et chaleureux au discret et si actif Philippe Ochem, dont l’indéfectible soutien remonte à l’époque du dispositif d’accompagnement Jazz Migrations : ils en ont bénéficié jadis. 

« chaleureux, bigarré, intense, brillant »

Piliers du très flamboyant et prolifique @Collectif Oh! les musiciens de straSax sont de purs produits du Conservatoire de musique de Strasbourg, où ils se sont rencontrés et ont construit une inaltérable amitié. Chevaliers de multiples aventures alternant créations, concerts et collaborations, ils comptent parmi les principaux acteurs du jazz et des musiques improvisées, en Alsace et bien au-delà. Leur style musical, aux contours de be-bop, de funk et de free-jazz joyeusement transgressés, est à leur image : chaleureux, bigarré, intense, brillant. 

C’est pour découvrir plus avant l’univers du groupe que Valentine Wurtz et Denis Longhi ont accueilli Michael Alizon et Franck Wolf au micro d’Instant Jazz. 

Michael Alizon, au CV musical impressionnant, est à la tête du département jazz et musiques improvisées au Conservatoire et à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg. Compositeur et arrangeur, il se produit dans nombre de formations dont il est parfois le leader. 

Un parcours de musicien accompli, tout comme celui de Franck Wolf… à peine plus haut que son saxophone quand il en a commencé l’apprentissage. 

Incroyable vitalité

L’un comme l’autre – et leurs compagnons de straSax avec eux – vivent la musique comme une permanente exploration où les collaborations, parfois inattendues, témoignent de l’incroyable vitalité du jazz et des musiques improvisées, en Alsace et ailleurs. 

Franck Wolf est ainsi fréquent compagnon de tournées à travers la planète de l’incontournable guitariste alsacien Biréli Lagrène, mais tout autant de la délicate kotoïste japonaise Mieko Miyazaki. Il est aussi le généreux créateur des 11 éditions du concert donné, chaque début d’année, dans son village d’Uhrwiller. Au fil des ans, des dizaines des meilleurs musiciens y ont partagé une joyeuse fête de l’amitié en jazz. Des centaines de spectateurs, parfois venus loin, s’y précipitent : ils étaient plus de 700 en janvier dernier. Un succès phénoménal, à poursuivre le 18 janvier 2025, désormais à Vendenheim où la production est déléguée au Centre culturel Le Diapason.

Michael Alizon, inlassable pédagogue, multiplie les concerts avec ses élèves du conservatoire pour les familiariser au contact du public. Avec Parenthèses, le duo qu’il forme avec le claviériste Jean-René Mourot au sein du Collectif Oh!, ils sont allés jouer jusqu’en Bolivie. 

Mais il y a quelques jours, c’était à l’Espace Rohan de Saverne, avant d’y présenter au public la restitution du projet musical mené avec les élèves de l’École de Musique Crescendo de Dettwiller, Monswiller et Saverne. Michael Alizon est aussi au cœur du projet « Round the blue lights », création originale du Festival O à Obernai. Un programme qui valorise les musiques de film – où le jazz s’épanouit – ici sur des arrangements originaux de Bernard Struber. Michael Alizon et le claviériste Erwin Siffer y dialoguent avec le jeune quatuor Thalia (Ida Zurflüh-Faggianelli et Yukari Miyazawa au violon), Chloé Fesneau à l’alto et Esther-Hélèna Richard au violoncelle).

« En tournée, on emmène douze saxophones »

Rompus aux codes du classique mais décalés comme peuvent l’être les libertaires du jazz, Michael Alizon et Franck Wolf portent sur leur art un regard à la fois extrêmement professionnel et plein d’humour. Pour eux, un quatuor de saxo jazz comme straSax occupe la cartographie musicale d’un quatuor classique : le polyèdre soprano-ténor-alto-baryton fait écho au cube violon 1, violon 2, alto et violoncelle. Tous les cinq travaillent aux compositions et aux arrangements, et ils voyagent en tournée avec… douze saxophones. 

Sollicités sur leurs inspirations jazzistiques, ils se sont rejoints sur des musiciens de référence aux sonorités parfois inattendues : ces morceaux illustrent l’émission du 7 mars.

Et si Instant jazz vous donné envie de vivre le groupe straSax dans son milieu naturel préféré – c’est à dire sur scène – allez les découvrir dans les entrailles accueillantes du Bateau du Rhin, à Strasbourg, le 6 avril prochain.

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