La redécouverte récente d’un rare portrait du célèbre castrat Francesco Bernardi, connu sous le nom de Senesino, offre une occasion unique de revisiter la vie et la carrière de cet artiste emblématique du XVIIIe siècle. Ce tableau, datant de 1725 et attribué au peintre John Vanderbank, le représente dans le rôle de Bertarido de l’opéra « Rodelinda » de Georg Friedrich Haendel. Cette œuvre, exposée à la Handel Hendrix House à Londres, immortalise Senesino vêtu d’un « habit hongrois », contemplant une urne censée contenir ses propres cendres, une scène poignante de l’opéra.
Né le 31 octobre 1686 à Sienne, en Italie, Senesino tire son nom de scène de sa ville natale. Fils d’un barbier, il rejoint le chœur de la cathédrale de Sienne en 1695 et subit une castration à l’âge de treize ans pour préserver sa voix aiguë. Il débute sa carrière à Venise en 1707 et, au cours de la décennie suivante, acquiert une renommée européenne, se produisant notamment à Bologne, Gênes, Naples et Dresde.
En 1720, après un différend avec le compositeur Johann David Heinichen à Dresde, Senesino est engagé par Haendel comme primo uomo (chanteur principal) pour sa compagnie, la Royal Academy of Music à Londres. Il crée dix-sept rôles principaux pour Haendel, dont ceux de Giulio Cesare, Orlando et Bertarido dans « Rodelinda ». Malgré une relation souvent tumultueuse avec le compositeur, leur collaboration marque l’âge d’or de l’opéra baroque à Londres.
Senesino quitte l’Angleterre en 1736 et poursuit sa carrière en Italie, se produisant à Florence et Naples jusqu’en 1740. Il se retire ensuite à Sienne, où il mène une vie confortable entouré d’une collection d’art et d’objets précieux. Il décède le 27 novembre 1758.
La réapparition de ce portrait offre non seulement un aperçu visuel précieux de Senesino, mais souligne également l’impact durable de son art et de sa collaboration avec Haendel sur la musique baroque.